L’AVENTURE MAXXIMUM (7E PARTIE): HÉLÈNE ZELANY

Hélène Zelany est « The Voice » dans le paysage radio français. Une voix agréable sans nul doute, un phare dans les brumes matinales. Avec cette caractéristique, on ajoutera un ton rassurant, un sens de l’accroche et une rigueur totale quant à la restitution des faits dans les journaux d’information qu’elle présente. Bref, c’est une journaliste qui incarne toutes les valeurs du journalisme radio, avec cette façon de parler sobre et moderne et cette complicité non feinte qu’elle transmet quand elle échange avec les différents animateurs de la matinale d’Europe 1. Elle fera son retour aux côtés de Matthieu Belliard dès 6 heures du matin lundi. Hélène a été journaliste à Maxximum au tout début de sa carrière. Un très grand souvenir pour elle. Elle nous raconte.

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Hélène avec Dominique « Dom-Dom » Perrin, deux amis dans la vie et au micro.

Salut Hélène, on ne peut pas commencer cet entretien sans parler de Fred Rister qui vient de nous quitter. Il était beaucoup aimé par vous tous anciens animateurs et journalistes de Maxximum…

Je viens de rentrer de vacances et je suis sous le choc de l’annonce de sa mort. Il avait écrit il y quelques semaines « Je me retire des réseaux sociaux pour me reposer… », un message qui me semblait un signe que ça n’allait pas. Il y a eu cette interview dans 7 à 8, sur TF1, très forte… Son souhait était d’arrêter les soins, les chimiothérapies à répétition, tu n’as plus l’énergie après, tu as les effets secondaires… c’était un choix très courageux.

On s’était vus lors d’un dernier rassemblement des anciens de Maxximum, il ne laissait rien paraître… c’était un battant! On avait toujours beaucoup de plaisir à se revoir, on était tous unis par cette même aventure, bien des années plus tard… On a perdu l’un des nôtres… J’en suis terriblement triste, c’est aussi une partie de nos souvenirs qui s’envole.

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Fred Rister 1961-2019. Sa mémoire restera à jamais dans le cœur des fans de Maxx

Comment as-tu rejoint Maxximum ?

J’étais jeune et débutante, pratiquement pas d’expérience pro. J’avais un très bon ami : Dominique Perrin, animateur sur Maxximum… il me parle de cette radio « techno » qui se monte, pour moi, c’était du chinois, je n’étais pas une fan de techno, j’écoutais surtout du funk, mais je me suis lancée!

Comment c’était d’un point de vue journalistique ?

Très différent d’un boulot de présentatrice « conventionnel », on donnait l’essentiel de l’actu sous un angle plus fun, très concis, avec des titres accrocheurs. C’était un vrai exercice. Je faisais parfois aussi des interviews en anglais sur des domaines qui n’étaient pas les miens et en plus par téléphone, pas facile, mais drôle!

Qui étaient les personnes à tes côtés à la rédaction ?

Catherine Laurens, Kathy Cooley, aujourd’hui à LCI, j’ai d’ailleurs eu le plaisir de la revoir, la rédactrice en chef, Jocelyne Buisson… Très vite, j’ai été emportée par l’ambiance de cette radio, qui ne ressemblait à aucune autre. Une radio de « niche », c’est à dire que ce n’était pas une radio faite pour plaire à une majorité. Ceux qui écoutaient étaient vraiment des fans. On ne faisait pas dans la demi-mesure. Rien à voir par exemple avec les formats de Nostalgie, Rire & Chansons, ou Europe 2 où j’allais continuer mon chemin plus tard.

C’était très pointu en musique comme pour le reste ?

Oui, pointue la musique electro, pas grand public. On était dans un truc nouveau de A à Z, et on inaugurait ce truc en direct tous les jours. On s’amusait beaucoup, mais c’était très pro en même temps: on n’était pas une bande de potes qui bricolait dans son garage, on avait des gens de grande expérience qui nous encadraient comme Michel Brillié. Je crois que cette radio est arrivée trop tôt. Elle n’était pas vouée à être la première radio comme NRJ, on a été rattrapés par les impératifs économiques.

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Hélène Zelany dans les anciens et mythiques locaux de la rédaction d’Europe 1 au 26 bis rue François Ier à Paris.

Comment les gens percevaient-ils Maxximum ?

C’était pro et amical, drôle aussi, on avait l’impression qu’on participait à un truc qui s’était jamais fait. Et les gens étaient emballés. Quand tu vois que 30 ans après, il y a encore des Maxximaniaques, ça me sidère, mais je le comprends. Je n’écoutais pas cette musique… Mais aujourd’hui, quand je tombe dessus j’adore. Le son de Maxximum, ça te contamine, ça te gagne. Il y avait tellement d’affection de la part des auditeurs, ça ne te laisse pas de glace. On était moderne et innovant et on ne ne ressemblait à rien d’autre. On a fait une radio qui séduisait mais peut-être pas assez dans une époque où peu de choses changeaient pour les médias. On faisait de la radio pour faire plaisir tout en se faisant plaisir.

En quoi cette expérience t’a-t-elle marquée professionnellement ?

Ce n’était pas une longue aventure mais elle a été très dense . Et puis il y avait les studios, au Forum des Halles à Paris. Quand tu faisais les matinales, tu devais sonner, un gardien venait ouvrir, il fallait traverser d’immenses couloirs vides et un peu glauques …ça ne ressemblait à aucune autre radio!

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Hélène Zelany (à gauche), Dominique Perrin (au centre) et du beau monde.

Il y avait à l’antenne des gens de grand talent, Joachim Garraud, Dominique Perrin, Pat Angeli, Lorenzo Pancino, Fred Rister évidemment et j’en oublie… Ils étaient dans la production, dans le deejaying. On ne pouvait pas le savoir mais c’était des gens qui allaient tous percer car très créatifs. Joachim et son remix de « Requiem pour un con » de Gainsbourg, j’adorais. Il y avait plein de remixes faits à Maxximum. Maxx était un peu un laboratoire.

L’info était innovante sur les ondes de Maxximum?

Oui pour les infos, il fallait être très original dans la forme, écrire des textes très courts, percutants, c’est pas mal de boulot contrairement aux apparences, je trouve que toutes les expériences sont bonnes à prendre… Aujourd’hui je travaille dans une grande radio radio nationale prestigieuse, Europe1, mais Maxximum m’a beaucoup appris je n’aurais pas fait toute ma vie ce job mais j’ai adoré bosser dans une ambiance comme ça, avec des gens drôles et talentueux. Je me suis enrichie de cette culture techno en sortant au Boy ou dans des raves. Pour moi, c’était des rendez-vous en terre inconnue avec une ambiance de dingue.

La team Maxximum se retrouve au moins une fois par an, preuve de l’esprit d’équipe qui régnait dans la jeune radio.

Ce qui m’a sans doute le plus marquée c’est la fin. Je pensais pas que ça m’arriverait d’assister aux derniers instants d’une radio. On était tous en larmes à minuit. C’est un moment que je ne risque pas d’oublier.

Quel est ce lien qui vous unit entre vous ?

On essaye avec Eric Madelon, Mahalia Rouilly, Cocto, Carole Bottollier et les autres de se retrouver une fois par an. Même Joachim qui habite aux Etats Unis essaie d’être là! La dernière fois, j’y ai revu Hervé Rony, l’ancien patron de Maxximum (avant-dernière période, entre Eric Hauville et Alain Weil), qui a très souvent été au rendez-vous en dépit de ses grosses responsabilités. Ce sont des moments touchants mais pas une soirée d’anciens combattants.A chaque fois que l’on se voit, c’est comme si on ne s’était jamais quittés. Et ce lien est là pour toujours. Et c’est là que la disparition de Fred est pour moi très douloureuse..

Vous étiez des personnalités différentes mais unies dans le même élan créatif, c’est bien ça ?

Oui, on était très différents et on a évolué très différemment les uns des autres. Je revois Pat Angeli, souvent. Il y a deux mois, on s’est retrouvés avec les anciens d’Europe 2. Je continue de voir Dom Perrin qui a son studio de sons et d’images. On ne s’est jamais perdus de vue.

Hélène Zelany et Joachim Garraud « made it », l’une en radio, l’autre en musique.

Pourquoi a-t-on décidé d’arrêter Maxximum ?

La radio osait mettre en avant une musique originale, mais aussi inconnue du grand public , c’était sans doute trop tôt. On ne lui a pas laissé le temps. Cela dit, je pense qu’aujourd’hui ce ne serait pas plus viable, le marché de la radio a changé, t’écoutes Spotify, Deezer et tu te fais des playlists.

Tu vas faire quoi à la rentrée, dans ce contexte de changement pour Europe 1?

Les journaux de 6 h, 7h30 et 9 h dès la rentrée lundi (26 août) dans la matinale de Matthieu Belliard. Comme tu le sais, les audiences étaient en berne la saison dernière, j’espère que ça va remonter, j’adore ce que je fais et je suis très attachée à cette radio, je ferai mon maximum pour que ça marche!

suisse

Propos recueillis par David Glaser
Photo Getty Images/AFP Martin Bureau
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