L’AVENTURE MAXXIMUM (3e partie): CAROLE BOTTOLLIER

La radio Maxximum aurait eu 30 ans en octobre 2019. Il y a un culte autour de cette chaîne, une passion chez beaucoup de Français qui ne s’est pas estompée malgré les années. « A Maxximum, j’ai fait plusieurs jobs, assistanat, call outs sur la programmation musicale (sondages au téléphone pour tester la programmation sur les auditeurs…) Au bout du fil, la voix est souriante, enthousiaste à l’idée de remuer tous ces souvenirs, c’est la voix de Carole Bottollier, responsable communication de Mouv’ à Radio France. Carole avait pendant une dizaine d’années occupé un poste analogue sur une radio plus indépendante et commerciale OÜI FM, une radio chère à son cœur. Mais aujourd’hui on parle de sa première expérience dans une entreprise de radiodiffusion: Maxximum. Elle a connu les différents locaux (Trocadéro et Forum des Halles) où la radio était installée pendant sa courte vie, plusieurs soirées (au BOY, au Queen, en province) et une première aventure professionnelle hyper stimulante. « J’ai eu beaucoup de chance car Maxximum était un job d’étudiant et ça a pas mal influencé ma vie ensuite… » Interview d’une actrice qui a tout vu, tout entendu et qui s’est vraiment beaucoup marré à vivre ces années-là avec cette équipe. « Toute la team de Maxximum, tous métiers confondus, prenait clairement au pied de la lettre le slogan de la radio Quand c’est mou, c’est pas nous. »

PAT ANGELI BONNE


1ère Partie de l’Aventure Maxximum à lire ici, 2e Partie à lire sur ce lien


Carole, merci pour cet entretien. Que faisais-tu à Maxximum?

J’effectuais des « call out », c’est-à-dire que je testais la programmation musicale par téléphone, en parallèle de mes études à Paris 1. On faisait écouter des titres avant qu’ils ne rentrent en playlist, on les repassait plusieurs semaines après aux mêmes personnes pour juger s’il fallait les faire sortir de la playlist. Bref, des sondages internalisés, aujourd’hui les radios utilisent pour la plupart des entreprises externes pour réaliser ces « call out ».

Tu travaillais avec qui?

Michel Brillié, directeur d’antenne, son assistante Frédérique Harrus et Mickaël Bourgeois, directeur de la programmation. J’ai aussi travaillé avec le responsable du « trafic » (publicité, mediaplanning) François Delage et Dom Perrin, le présentateur de la matinale. Pour ce dernier, ça ne me dérangeait pas de me lever tôt… d’ailleurs souvent on ne se levait pas ! C’était du délire. On allait danser au BOY, on faisait une boucle de près de 24 heures et on récupérait le week-end ou quand on le pouvait. Il y avait aussi régulièrement des déplacements en région dans les clubs où l’on était reçu comme des barons avec espace VIP. Il faut dire qu’on était LA radio des clubs et c’était la seule. Fred Rister produisait des artistes et venait avec certains d’entre eux, le producteur de Maxximum Joachim Garraud mixait dans ces clubs.

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Cocto, Fabrice Revault et Joachim Garraud montrent la direction à suivre. (DR)

Joachim a eu un rôle central?

Avec Fabrice Revault, ils ont fait le son de Maxximum, l’habillage sur Revox, à l’époque. Pour les opérations extérieures, on était souvent au BOY où Joachim mixait régulièrement ainsi que Laurent Garnier. Il y a eu une connexion assez rapidement avec le BOY alors dirigé par Philippe Fatien, tous les collaborateurs avaient une carte du BOY, une carte d’accès permanent, un vrai privilège. On y allait tout le temps. En Angleterre, le mouvement « Rave » prenait son essor et Laurent Garnier en faisait partie, il partait tous les week-ends pour y mixer, il faisait en parallèle les émissions Rêve Maxx (avec Eric Madelon).


SOIREE AU BOY, 29 novembre 1991


Ton expérience de Maxximum a duré tout le long de l’existence de la radio?

Presque mais j’étais très jeune, je venais d’un milieu classique, d’une ambiance de province, enfin à soixante kilomètres de Paris. Avec une enfance à Dourdan très sereine, ce n’était pas très courant de découvrir le monde de la nuit ainsi. Je fus catapultée. Mais ce qui est fou, c’est que l’on était très uni, il y avait une entente humaine, des années dingues, grisantes, euphorisantes. Je faisais des études d’esthétique et communication à Panthéon-Sorbonne à Paris, que je n’ai pas continuées. J’ai d’excellents souvenirs de l’aventure Maxximum et nous avons entretenu le lien avec des dîners réguliers qui ont suivi entre nous pendant des années et ça continue, on est dix-quinze à chaque fois.

Carole Bottollier dans ce reportage sur une soirée du BOY avec dans l’ordre d’apparition Joachim Garraud, puis Carole, Catherine Laurens et Eric Madelon, Fred Riester et Mahalia Rouilly à sa droite, Pat Angeli et Cocto.

Eric Hauville, au micro de Jean-Michel Canitrot et Denys Dydelon et de moi-même en 1991.

Que faisais-tu à Maxximum?

Je faisais des études en parallèle, je testais la prog musicale en effectuant des call outs. J’ai aimé interrogé les gens sur la programmation musicale, on faisait écouter des titres avant qu’ils ne rentrent en playlist, on les repassait plusieurs semaines après aux mêmes personnes pour juger s’il fallait les faire sortir de la playlist. Bref, des sondages internalisés, aujourd’hui les radios utilisent des entreprises externes pour faire ces call outs.

Tu travaillais avec qui?

Michel Brillié, le chef d’antenne et Mickaël Bourgeois, le chef de la programmation. J’ai aussi travaillé avec le responsable du « trafic » (publicité, mediaplanning) François Delage et Dom Perrin, le présentateur de la matinale. Pour ce dernier, ça ne me dérangeait pas de me lever tôt… d’ailleurs on ne se levait souvent pas, c’était du délire. On allait danser au Boy, on faisait vraiment la boucle de 24 heures, souvent en dormant le week-end. Il y avait des escapades en région où l’on était reçu comme des barons avec espace VIP. Il faut dire qu’on était la radio des clubs et c’était la seule. Fred Rister produisait des artistes et venait avec certains d’entre eux, le producteur de Maxximum Joachim Garraud mixait dans ces clubs, Jean-Charles, l’associé de David Guetta était aussi dans l’histoire.

Joachim a eu un rôle central?

Avec Fabrice Revault, ils ont fait le son de Maxximum, l’habillage sur magnéto REVOX. Pour les opérations extérieures, on était souvent au Boy où Joachim mixait ainsi que Laurent Garnier. Le propriétaire du Boy Philippe Fatien, il y a eu une connexion assez rapidement, tous les collaborateurs avaient une carte du Boy, une carte d’accès, une carte de privilégié. On y allait tout le temps. En Angleterre, le mouvement Rave prenait son essor et Laurent Garnier en faisait partie, il partait tous les week-ends pour mixer dans les soirées, il faisait en parallèle les émissions Rêve Maxx (avec Eric Madelon), c’était bien avant que Laurent ne mixe au Rex.

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Casquette jaune et lunettes noires, à gauche c’est Pat Angeli avec Carole Bottolier.

Dans le contexte de Maxximum, j’étais galvanisée car j’étais très jeune et immature, on était avec des personnes plus expérimentées. Hyper motivée, on avait un collectif très huilé avec le sens de la fête, l’équipe était engagée dans le projet quel que soit le niveau de hiérarchie, pas de distingo.

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Un mur de cartouches, ces cassettes protégées par une structure carrée en plastique dur avec une bande qui tournait en continu, on y enregistrait des jingles, des pubs (DR).

On avait un talent pour l’organisation d’événements, des choses que j’ai pu faire ensuite avec une autre équipe parisienne, celle de OÜI FM, une belle expérience avec Bruno Delport puis Michaël Gentile à la direction, une aventure humaine et professionnelle, ça m’a convaincue de continuer dans cette voie.

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Hélène Zélany, Lionel Saffré, Fred Rister, Fabrice Revault, Pat Angeli, Dom Dom Perrin avec l’appareil, Cocto, Sam Z, Carole Bottollier, Catherine Laurens (DR).

Parle-moi de cette équipe des fondateurs, Eric Hauville et Mickaël Bourgeois pour ne citer qu’eux.

Il y a en effet ces deux acteurs clefs venus du réseau RVS en Normandie, deux personnalités différentes, deux fortes personnalités. Hervé Rony, le directeur juridique de la station venait lui de la très sérieuse CLT , il a ensuite pris lasuccession de Eric vers la fin ( aujourd’hui à la tête de la SCAM après avoir été DG du SNEP). Et puis bien sur Michel Brillié, Olivier Devriese le directeur technique, Xavier Bise, en charge de la Communication & Erick Peleau, en charge de la promo, Jocelyne Buisson pour la rédaction en chef, l’antenne était d’ailleurs composée d’hommes pour l’animation et de femmes pour les informations.


Le boss de Maxximum Eric Hauville, lors d’un débat sur Le Mouv’ en 2011.


Eric Hauville était parfois colérique et ses colères pouvaient être légendaires. Il avait une autre culture de travail, très différente de la CLT, plutôt sérieuse et structurée, il amenait quelque chose de nouveau, des recettes de marketing et de communication, un format musical qui étaient vraiment différents pour une maison comme la CLT. Il avait énormément de caractère, tout le monde s’enfermait dans les bureaux quand il était fâché, il ne fallait pas le croiser. Mais quand c’était fini, tout allait bien. Eric aimait beaucoup la techno et il était très présent et notamment de toutes les soirées que la radio organisait. Il y avait une galerie de personnages dans cette radio. Eric avait sa garde rapprochée (Mickael Bourgeois, Olivier Devriese) et il a été invité à travailler avec quelqu’un qui n’en faisait pas partie comme Michel Brillié. Mais chacun apportait son expertise, les relations avec les maisons de disques étaient prises en charge par Mickaël Bourgeois, Jean-Noël Auxiette était le directeur du développement du réseau. Le réseau faisait une quarantaine de fréquences, la CLT a mis beaucoup de moyens sur le lancement de Maxximum. On s’est structuré de manière rapide, peut-être pas assez pour eux…

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Mahalia en bas, Cocto à droite et Fabrice Revault dissimulant mal une casquette KLF.

En 1991, il y a eu des rumeurs venant de la CLT, on a ensuite été avertis qu’on fusionnerait avec une autre radio. Mais on a débuté from scratch, c’était remarquable. On avait le fonctionnement d’une radio indé mais on faisait partie d’un grand groupe. Nos locaux n’étaient pas proches et distincts de ceux de RTL, ce qui a contribué à cet état d’esprit. On avait commencé dans des locaux dans une rampe de parking rue du Commandant Schloesing au Trocadéro pour finir au Forum des Halles, dans des locaux tout neufs avec des peintures rouge brillant et gris, il fallait toujours prévenir les maîtres-chiens du Forum des Halles quand on sortait (tard !) le soir de la radio car leurs chiens se baladaient librement dans le Forum des Halles… on a vite compris la consigne.

suississimoPropos recueillis par David Glaser

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