Dominique A en concert aux Docks de Lausanne : entretien (1ère partie)

Comme toujours, Dominique A est un phare. Il a charmé son monde avec « Le Monde Réel », son dernier album en 2023. L’homme, qui a réussi l’exploit de sortir 14 albums depuis 1991, est en tournée et passe à Lausanne le 13 octobre aux Docks. Le chanteur français nous parle dans cette interview de la scène et de la cohésion de son groupe. Il sera aussi question de composition de chansons en compagnie d’un producteur et de quelques fidèles comme David Euverte ainsi que d’un projet de concert symphonique en mars prochain à Genève. La conversation est en deux parties, premier tome ce jour.

Le concert de Genève avait un caractère magique dans la transposition sur scène ?

Oui, ça se prête au live. Je crois. Après avoir travaillé le disque, j’étais loin du live. Je fais un distinguo entre ce qu’on fait en studio et sur scène. Pour moi, il n’y a pas d’obligation de transposer ce qu’on est en train de faire sur scène. Le groupe a été créé en studio. Une réunion a eu lieu et on a constitué un conglomérat de talents qui n’avait pas joué ensemble. Et la sauce a pris tout de suite, cela aurait été frustrant de se cantonner à cet enregistrement. Ce que j’aime dans l’idée d’avoir un son de groupe, c’est de créer une entité sur un certain nombre de mois. C’est de revisiter les vieilles chansons avec le son du groupe du moment. Du fait qu’on est nombreux, qu’il y a une palette instrumentale assez riche, ça permet de naviguer pas mal. On n’est pas limité comme quand on est à quatre à trouver des parades sur des arrangements parfois sophistiquées.

Il y a une redécouverte de certains morceaux à travers le style de jeu de ce groupe ?

J’espère que c’est le cas, c’est l’objet d’une remise en route. Je propose quelque chose pour que des gens qui m’auraient déjà vu aient des surprises. L’élément prédominant par rapport à la scène, c’était cette volonté d’être moins musicien et plus chanteur. Lâcher la guitare régulièrement… Je ne voulais pas jouer du tout au début. C’était un peu radical. Mais ça nous privait de certains arrangements. Alors j’ai repris la guitare sur certains titres. Avec le temps, ça m’a permis d’avoir une attitude plus volontariste au niveau des gens. Ainsi ça participe au petit renouveau que je ressens en jouant avec ces musiciens.

Une écoute un peu plus active est-elle voulue pour que le message des chansons soit plus clair ?

Non ou alors ce n’est pas conscient. Souvent, ce qui m’a été dit à propos des concerts au fil des années, c’est « c’est dense ». Cela veut dire que c’est riche, et parfois c’est trop riche. J’essaye de pas mettre trop d’attention dans la perception des gens, je ne la maîtrise pas, je n’ai pas envie de donner des clés, qu’il y ait un cahier des charges qui soit trop lourd, on est dans la transmission d’une énergie de groupe. Il n’y a pas volonté que les gens se penchent sur ce que je dis. J’essaye de dire les choses clairement. Si le sens n’est pas clair, au moins les phonèmes le sont. La façon dont on est entendu, je n’ai pas la main là-dessus et Dieu merci !

Quel est l’apport du réalisateur Yann Arnaud, je crois qu’il a un rôle central ?

Oui c’est vraiment le producteur artistique. C’était un dialogue entre lui et moi. On travaillait chaque chanson dans notre coin au studio et il écoutait. Au bout de quelques heures, il donnait son orientation en quelque sorte, si la direction était bonne, il mettait l’accent dessus et on allait dans ce sens. On était très à l’écoute de ce qu’il disait. Certes, il y eut une déclaration d’intention dans une conversation entre nous deux au début. Le contexte assez charnu sur une forme d’épure. On était dans une richesse orchestrale. Mais comme « abondance de biens peut parfois nuire », on a fait attention à ne pas surcharger. Sur le son, Yann est le maître d’œuvre. Il a tenu un rôle de producteur artistique.

(A suivre)

Propos recueillis par David Glaser

Merci à Alexandra Duvanel des Docks et Eric Marjault de Cinq7, photos par Jérôme Bonnet

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