PINGOUIN ENCHANTEUR

Le musicien anglais Arthur Jeffes a repris le concept musical de son père Simon Jeffes du Penguin Cafe Orchestra, un ensemble à géométrie variable mêlant des instruments dans un entrecroisement de mélodies invitant à la rêverie, à l’émerveillement ou à l’évasion, pour le propulser plus loin. Entouré de quelques-uns des meilleurs musiciens indie-pop que le Royaume-Uni peut comprendre (de Florence and the Machine à Liam Gallagher, de Christine and the Queens et Suede), Penguin Cafe pousse l’exploration dans des interstices encore vierges d’exploration utilisant des instruments pop-folk et des ordinateurs, en allant chercher des sonorités de la terre nordique, des banquises et des territoires peuplées d’alcidés, en allant puiser dans des ambiances de solitude extrême, d’incertitude, de sensations nouvelles, inédites en musique, peut-être à la manière d’un Yann Tiersen et en les jazzifiant, ou en leur donnant une brillance pop. Arthur, à l’aise au piano comme à l’harmonium, est un touche à tout érudit, proche des musiques noires dansantes qui lui font gagner le respect de personnalités comme Gilles Peterson, il est aussi proche des enjeux planétaires majeurs, au point de s’engager auprès de grandes organisations militantes comme Greenpeace, en offrant sa musique. Le Penguin Cafe a sorti son dernier album « Handful of Nights » sur le label de Robert Rath Erased Tapes , un label où figure le brillant Ólafur Arnalds. Le concert de Penguin Cafe sera un rare moment de jazz fusionné à des milliers de sonorités précieuses, fragiles… il recèlera des surprises, des moments de grâce que ce genre de musique permet parfaitement. On ne saurait trop vous recommander de bloquer votre samedi 18 et de prendre la direction de l’Octogone. En attendant, voici une interview d’un homme qui perpétue une tradition musicale familiale.

Photo d’Arthur Jeffes par Alex Kozobolis

Comment ça va avant d’entamer cette nouvelle étape du Penguin Cafe Tour ? Êtes-vous prêt pour votre date lausannoise au théâtre de l’Octogone à Pully (en partenariat avec les Docks) le 18 janvier ?

J’en suis au stade de finir de faire les valises, de me souvenir d’avoir tout pris, j’ai mon harmonium qui peut se transporter en tant que valise. On a déjà eu une partie de tournée au Royaume-Uni, en Irlande et au Japon, on a une configuration qui roulait relativement tranquillement.

Quelles chansons allez-vous jouer, les mêmes que depuis le début du tour?

La première partie est composée de nouvelles chansons, j’espère toujours que les gens aimeront cette série de nouvelles chansons. Mais ça s’est bien passé lors de la première partie de la tournée. On joue aussi des chansons qui ont été jouées et popularisées à l’époque par mon père. Il n’y a qu’une reprise, celle de Simian Mobile Disco «Wheels within wheels ». J’aurais aimé avoir plus de temps pour jouer plus de chansons de mon père.

Vous avez commencé comment la musique avec Penguin Café?

Quand j’ai commencé le Penguin Cafe il y a une dizaine d’années, on était d’abord eux ou trois à jouer quelques-unes des chansons, et nous commencions à être invités dans des soirées, on n’avait pas beaucoup de morceaux et petit à petit, on en a eu plus, Rebecca, la sœur d’Andy Waterworth est venue nous rejoindre avec son violoncelle.

Sur cette base, on a commencé à écrire des morceaux et on a grandi naturellement comme groupe en ajoutant et on a commencé à avoir une existence ainsi.

Cela vous donne aujourd’hui du temps pour autre chose ?

Oui car le projet Penguin Cafe est plutôt d’une intensité basse, notre cycle de sortie d’albums est de deux ans et cela nous permet de faire beaucoup d’autres choses entre les deux, on peut avoir quatre mois de travail ensemble et puis tourner avec quelques-uns d’entre nous, en tout onze à douze personnes gravitent autour du noyau.

D’où est venue l’inspiration pour le dernier album ?

L’inspiration pour composer le dernier album vient d’une opération menée pour Greenpeace en 2018, à la toute fin de l’année. Un projet qui s’est tenu en Antarctique, quatre compositions musicales pour quatre types de pingouins différents. Je me suis basé sur des images tournées là-bas, des enregistrements de sons et cela m’a replongé dans une expédition que j’avais effectuée au Pôle nord pour un document pour BBC 2, cela m’avait frappé. Le silence assourdissant de l’environnement, les trois mois passés dans des terres complètement vides, en essayant de ne pas devenir fou par l’ennui. J’ai fait de la musique dans ma tête afin de m’occuper. C’était une composition que j’ai utilisée pour mon mémoire de master, ces sons de vent qui souffle sur les pierres, c’était très beau et étranger, il y avait cette dimension hors du temps. Aujourd’hui à l’heure de l’overdose d’activité, ce genre de musique est comme un médicament.

Avez-vous eu des contacts avec des producteurs de cinéma pour composer de la musique ?

J’ai été appelé pour des projets de BO de films qui n’ont pas abouti. Mais Greenpeace eux ont sorti une campagne avec les réalisateurs de Wallace et Grommit dans laquelle notre musique est utilisée. L’écologie est devenue très importante. Avant Greenpeace était l’ONG extrême mais c’est assez amusant qu’aujourd’hui on regarde ce qu’ils font sans se poser la question de ce côté extrême.

Photo d’Arthur Jeffes par Alex Kozobolis

Vous êtes sensible sur cette question de l’écologie?

Pour moi, il y a quelque chose qui est poignant, il y a tellement de choses qu’on ne voit pas. Mais je suis étrangement optimiste sur ce que vont engendrer tous ces mouvements de défense de la nature. Le sentiment central à propos de la musique du Penguin Cafe n’est pas aisé à traduire en mots. Le propos est de montrer notre humanité, comme ce qu’avait fait mon père en 1970 avec the Penguin Cafe Orchestra pour la protection des espères en danger, il avait joué avec le Royal Ballet Orchestra. Cela nous lie, cette humanité, cette façon de la regarder.

Qu’écoutez-vous en ce moment?

Led Zeppelin, j’adore le style de jeu du batteur John Bonham, ou la funk de Menahan Street Band et Max Richter.

Propos recueillis par David Glaser

Pour d’autres interviews, je vous recommande celle-ci en lien.

Merci à Jolan Chappaz pour la mise en relation.

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