SCH, droit au but
Vite fait, bien fait. Une heure du matin, dans la nuit du 24 au 25 février au MAD à Lausanne, le « S » débarque d’un pas léger entouré de son équipe. Golgoths-physios en ébullition tranquille, trois messieurs à la tête défaite sont évacués par les cerbères aux gants de velours (et mains de fer), et ce pour mauvais comportement dans le public empaqueté et prêt à partir en transe. On sent un brin de tension, un peu inhabituel dans ce MAD pas si fou quand on parle sécu. Du jamais vu pour ma part, depuis Booba à Lausanne il y a plusieurs années, on voit les showcases se multiplier et ça marche plutôt bien pour les limonadiers de la night. En parlant de pros de l’hospitalité vaudoise, je vois un couple de restaurateurs pacifique de l’autre côté de la scène minuscule se faire déloger du premier rang qu’il avait préempté, dans une succession d’un jeu des chaises musicales involontaires.

Pendant que DJ Kame et de Fabianar faisaient virevolter les sons de Koba La D, Niska ou Booba, à peine shuntés pour laisser la foule remplir le texte à trou (le MAD-lib ?) en chœur et avec justesse, les places se font plus chères pour voir Julien Schwarzer, le héros du soir. Oui moi le gâté, j’ai sorti le costard pour faire honneur au MC du soir. Les membres de l’équipe d’accueil de MAD communiquent avec les premiers rangs, on garde ses distances avec la mini-scène. Une demi-heure avant, la tension était montée sur des sons trap défilant en cuts de deux minutes max. L’assistance a 18 ans de moyenne d’âge, beaucoup de jeunes femmes avec simili tattoo – Otto (du deuxième prénom du père de SCH) se massent, dégainant le smartphone pour immortaliser la soirée, SCH est venu ici en ROI.

Revenons à la musique, donc 1 heure du mat, le Superman d’Aubagne débarque et fait défiler ses tubes d’antan période « A7 », on est sur une autoroute du soleil, le sunlight des lightmen perchés en face du DeeJay booth est un rayon vert rasant. Le S continue de filer la métaphore automobile en envoyant le track générique de sa nouvelle mixtape « Autobahn ». Des breakbeats à la JUL sur lesquels on sent SCH à l’aise-blaise sur ses punchs « Moto sport, Autobahn, la meilleure défense c’est « L’attaque » ou la « contre-attaque » clac-clac-clac… » De l’allitération turbo sur un ruban musical asphalté, clip d’écurie en action, mouvements de corps calculés en centimètre. Dans le baquet, SCH maîtrise, spliff entre deux rings, un cousinage avec le couplet de« Bande Organisée » entonné, signe qu’il est temps de boucler, seulement après 40 minutes, le S a sorti le cigare comme un Michael Jordan vainqueur d’une sixième bague.

Les bons moments de la soirée, une foule du MAD qui fond sur les « M*ther F**k » du feat avec JUL. L’autre Julien « SCH »warzer a la cote près de la Côte vaudoise, les téléphones portables du public ne ratent rien, envoyant le flashlight à la demande du S dans un moment de communion comme Kanye faisait dans ses chapelles illuminées quand le gospel n’avait rien d’antisémite. Sensation spéciale quand « Fade Up », le titre de Zeg P avec Hamza est joué. L’intensité est à son comble. L’assistance ambiancée. La sortie sera plus rude. Le MAD était plein comme un Stade du Vélodrome à Marseille-bébé, un soir de Classico contre le Paris Saint-Germain. J’ai aimé SCH. Le voir au MAD, c’était la victoire assurée, sans prolongation. Hâte de le revoir à Lorient-Lanester le 29 avril 2023, à Paris le 24 mai 2023, à Bercy-Accor Arena ou chez lui à Marseille le 22 juillet 2023 au Vélodrome.
Photos et texte David Glaser
Merci à Igor Blaska