FOALS ET SON CONCERT ORGANIC

FOALS, Lausanne Les Docks, le mercredi 15 mai 2019 (photos Thomas Ebert)

Cherry sur le cheesecake à la sauce anglaise, le groupe d’Oxford Foals a laissé de côté Cowley Road, ses pubs et ses extensions du campus des différents « Colleges » de la cité universitaire pour vivre une vie de musique à travers le monde. L’ancien groupe d’étudiants porté sur les sciences et le math rock a fait du chemin. Et Foals revient en 2019 armé de deux albums pour alimenter le chaudron lausannois des Docks. Avec leurs tubes « Exits » et « In Degrees », les deux dernières pépites imbattables et les classiques « My number » et « Olympic Airways », le groupe joue dans la catégorie des « vus… à la radio ». Leur set-list est une jolie montée en puissance, « My Number » qui fond littéralement dans « Olympic Airways » comme si ces deux entités ne faisaient qu’une. « My Number », le seul morceau qui a emporté l’adhésion des programmateurs radio du monde entier, alors que le groupe en a pondu à la pelle non loin de ses collègues Everything Everything, Vampire Weekend, Bombay Bicycle Club ou Metronomy. Le batteur Jack Bevan garde un rythme soutenu tout du long, occupant le rôle du métronome et d’imprimeur de tempo entraînant, permettant à la foule à majorité anglaise de reprendre les paroles tout en effectuant des pas de derviche tourneur en pleine connexion spirituelle sur le peu de place qu’il reste ce soir dans la fausse (le concert est sold-out).

FOALS

Le groupe combine le beat profond d’une sorte de pop electro hybride hésitant entre le rock, le rock psyché, des touches de surf musique, de riffs tropicaux aux accords aiguës, l’afrobeat, le jazz rock, la formule est connue et le groupe mise aussi pas mal sur la présence remarquable de Yannis Philippakis, chanteur aux intonations déroutantes, se posant tout en justesse en surimpression d’une succession d’accords parfaitement plaqués sur sa propre guitare, comme dans une séance de travaux pratiques en chimie produisant les effets escomptés. La magie opère car le groupe est carré. Le groupe passe en fait son temps à chercher le groove… et très vite le trouve. En ce sens, on pense à la formule des planants Stone Roses et des explosifs Kasabian, une formule qui fait mouche avec des enchevêtrements de chœurs pop, on pense aussi aux grandiloquents Enter Shakiri et au groupe indé disparu Wild Beast et leur voix perchée pour baliser un peu plus l’environnement culturel live des Anglais. La soufflerie caresse la mèche mal maîtrisée du batteur et de celle du nouveau bassiste Jeremy Pritchard, renfort issu de la bande mancunienne de Everything Everything, qui a le chance de partager le point commun d’avoir séduit une grande maison de disques tout comme Foals dans les années 2000. L’indie pop a cette particularité aujourd’hui d’être un genre majeur avec dans le sillon de New Order, Primal Scream et des frères Gallagher de nombreux rejetons de ces formations des années 80/90 productives sur les labels Creation/Factory/4AD/Mute ou Rough Trade.

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Foals termine son set de manière explosive, tambour battant, comme il l’avait commencé avec cette hybridation naturelle de sons, incrustée dans un décor de feuillages rappelant la thématique eco-friendly des deux derniers albums. Les « poulains » rendent si surprenants leurs bombinettes indie-pop sur scène que le public devient hypnotisé très vite, et la formation ne « débandera » pas une seconde, même sur les chansons plus calmes comme « Spanish Sahara ». On aura pas toujours le temps de voir Foals ainsi. Le groupe est habitué aux grandes scènes mais en jouant encore dans des salles comme les Docks, ils offrent des expériences rares, c’est une manière de s’accaparer un peu plus cette bande de gamins éternels. En homme seul, je me fais « brancher » par un anglais nommé sympa qui s’appelle Simon. Il me tend un verre de gin tonic qu’il vient de ramener avec plusieurs autres exemplaires du même genre pour offrir à ses amis. L’homme travaille aux Nations unies et se réjouit de passer ce temps avec son groupe préféré, ainsi qu’avec le témoin de son mariage à venir et quelques autres personnes. L’amitié franco-anglaise en Helvétie se passe bien, on parle peu français ce soir aux Docks mais qu’importe on est un peu un paradis pour les « Brexités » qui pleurent leur Albion all inclusive. Foals leur rappelle la maison, les places se revendaient devant les Docks le soir même du concert pour 50 francs et à des prix parfois trois supérieurs à la normale ces dernières semaines. On a parlé des Docks dans toute l’anglophonie romande. On peut donc dire que le petit club lausannois de Sévelin-Sébeillon a fait une très belle opération en programmant Foals.

Par David Glaser

suississimo

L’album « Everything not saved will be lost » de Foals est sorti chez Warner.

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