« La Saga des Géants » de Roxal de Luxe va être racontée aux touristes et aux habitants de la Cité de Calvin dans les rues de Genève. Les 29, 30, 31 septembre et 1er octobre, il ne faudra pas louper ce grand moment de théâtre urbain grandeur (plus que) nature. L’ancien « clavier » (et multi-instrumentiste) de la Mano Negra, Thomas Darnal, a intégré la troupe nantaise de Royal de Luxe lors d’un voyage avec les Géants au Chili. La compagnie de Jean-Luc Courcoult cherchait un bassiste. Le dernier week-end de septembre, il s’exprimera avec plusieurs instruments pour conter en sons et musique l’histoire de la Grand-Mère et de la Petite Géante envoyées à Genève. C’est Michel Augier, le directeur musical des œuvres théâtrales vivantes, gratuites et monumentales de Royal de Luxe qui a fait venir l’ancien collègue de Manu, Tonio, Santi, Jo et les autres au sein de « la Mano ». Coup de fil entre deux répétitions. La Mano Negra, c’est l’histoire de l’underground à la Française, une certaine idée de ce Paris mélangé aux latinos de partout et aux influences arabo-andalouses, berbères, cumbia-salsa, punk avec une pincée de reggae/ska débridé pour épicer le tout. Retrouver à Genève la semaine prochaine cette touche de folie via le musicien mythique au sein de la super-production « La Saga des Géants ». Ce show va faire vibrer le cœur des aficionados de « Patchanka » ou de « Mala Vida ».
« La Petite Géante est un personnage qui ne parle pas. La musique autour de son personnage est donc très importante », Tom Darnal – Royal de Luxe.
Suississimo: Comment s’est passée la reconnexion avec Royal de Luxe, vous qui aviez fait la tournée Cargo avec La Mano Negra et la compagnie?
Thomas Darnal: La tournée Cargo s’était bien passée. J’avais gardé contact avec la compagnie Royal de Luxe en voyant plusieurs de leurs spectacles. Michel Augier, leur compositeur historique m’a dit en 2010 qu’il recherchait un bassiste pour aller jouer sur « La Saga des Géants » au Chili. J’ai dit oui car je pouvais aussi jouer de la guitare et de la musique électronique. Et puis je pouvais aussi apporter mon expérience dans la maîtrise de la technologie nécessaire pour les « lives ». J’ai aussi fait de la musique pour le cinéma. Ce qui est intéressant pour composer des ambiances dont on a besoin pour le spectacle des « Géants ». Beaucoup de choses sont préparées en amont. Mais malgré toutes les idées trouvées avant, on ne peut les tenter in situ avant le démarrage du spectacle. On répète d’ailleurs en ce moment sur le terrain, mais en simulant les endroits où on va passer dans Genève.
Vous vous souvenez bien de cette tournée « Cargo » en Amérique latine? Le début de votre aventure avec Royal de Luxe?
Oui, c’était gigantesque. Il y avait au départ cette « Parade de la véritable Histoire de France » avec les compagnies de Philippe Genty et de Philippe Découflé (DCA). Il y avait un champ illimité de possibilités de jouer, sur un bateau ou à terre. 500 kilowatts de son, c’est l’équivalent de 4 ou 5 arenas côte à côte. Le public n’était pas réuni au même endroit, alors les moyens étaient énormes techniquement. Émettre tous ces sons à grande échelle, c’était assez nouveau pour nous.
Flash-back dans les années 90 avec le « Cargo Tour » de la Mano Negra & Royal de Luxe.
La musique est-elle très présente dans le spectacle « La Saga des Géants »?
Oui, elle est omniprésente. Les Géants ne parlent pas sauf la Grand-Mère que vous allez voir. Donc elle a plus particulièrement une place importante autour du déplacement de la Petite Géante par exemple.
Chaque ville que vous visitez est-elle particulière en termes de musiques?
Chaque ville a son histoire, son tellurisme, Pour Genève, comme pour Santiago, on est près des montagnes. Liverpool est une ville rattachée à la mer. On a alors des « odeurs de musique ». On a beaucoup travaillé sur l’aspect médiéval de la ville de Genève. On a aussi beaucoup lu sur l’Escalade en 1602, puisant dans un univers musical épique, qui évoque les batailles. Jean-Luc Courcoult nous mâche le travail. Il nous donne pas mal de pistes sur l’accélérateur de particules du CERN. Maintenant, je suis capable d’expliquer le Boson de Higgs (il sourit)… et de traduire le « Mur de Planck » en musiques. Je ne peux pas en dire plus, il y aura beaucoup de surprises.
« La Saga des Géants » était au Havre pour les 500 ans de la cité portuaire normande l’été dernier. Des fans ont écrit des pétitions au Maire de l’époque, le premier ministre français Edouard Philippe, pour réclamer leur retour. Des bouteilles ont même été jetées à la mer », Gwenaëlle Raux la productrice de Royal de Luxe.
Où se déroulent les répétitions?
On est dans un endroit secret près du centre de Genève. On simule les conditions du terrain avec des marques au sol. On va se retrouver devant plusieurs centaines de spectateurs et c’est notre créativité et notre réactivité qui vont rentrer en jeu une fois sur place. On va être autant émerveillés que le public. C’est la magie de ce spectacle. C’est époustouflant. Les prouesses techniques nous donnent envie de continuer et d’aller toujours plus loin.
Comment compose-t-on des histoires très différentes artistiquement de ville en ville?
Il peut y avoir des canevas de spectacles de Géants qui se ressemblent mais les variantes, le choix des Géants se fait en fonction de l’histoire que l’on raconte. La Grand-Mère, ça fait un petit moment qu’on ne l’a plus vue. C’est donc souvent très différent d’un endroit à l’autre. Et puis, si à Liverpool par exemple, on veut s’inspirer de la culture rock de la ville, on va l’improviser. Il y a une grande part de notre travail musical qui n’est pas écrit.
Le « Sea Odyssey » de Liverpool en 2012 avait pour thème le centenaire du naufrage du Titanic, un paquebot qui a été imaginé dans la ville du Merseyside. La Petite Géante est équipée d’un cirée jaune fait en Bretagne dans les ateliers de Guy Cotten.
On va vous voir jouer pendant plusieurs heures le week-end prochain?
Oui, on ne prendra des pauses que pendant les siestes des deux Géants… Je dois vous laisser car on reprend la répétition. A vendredi!
Propos recueillis par David Glaser, zieggla@gmail.com
Pour retrouver un pan de l’histoire de la Mano Negra, regardez le reportage tournée par MTV dans les années 90.
Une réflexion sur “LA MAIN (NOIRE) D’UN GÉANT”