Rencontre avec Eugénie Alquezar, chanteuse de Parlor Snakes. Un groupe découvert à l’occasion d’une tournée qui passait par la Parenthèse de Nyon, un endroit prisé des nouveaux venus (Agnès Obel y a fait une illustre escale avant de monter dans la catégorie des artistes mondialement désirés). Parlor Snakes a la force et l’inspiration de garage bands mythiques (The Cramps) et autres combos rock épidermiques (The White Stripes). Cela tient sans doute à cette faculté à jouer juste et sans fioritures, à délivrer des paroles en anglais poétiques, ancrées dans le quotidien et qui nous parlent. Parlor Snakes fera cause commune ce vendredi 17 mars au Bouffon de la Taverne de Genève avec les Suisses de Pilot on Mars. Vous auriez tort de trouver une excuse pour ne pas y aller.
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SUISSISSIMO: Le deuxième album de Parlor Snakes avait cette identité et ce son brut et direct. Que peut-on s’attendre à découvrir avec votre prochain album ?
Eugénie Alquezar: Il est encore trop tôt pour définir précisément comment va sonner ce prochain disque. Car cela ne dépend pas que de nous et des chansons. Il y a le choix du studio, du type d’enregistrement, de l’ingé-son entre autres. Je sais juste que nous avons envie de nous surprendre nous-mêmes. Ce sera du rock. On n’a pas vraiment envie de s’adoucir. Notre identité reste la même par contre. Elle évolue avec le temps, avec notre parcours et nos envies aussi. Elle s’affirme, je dirais.
Vous allez être entourés de certaines personnes, musiciens et producteur pour ce 3e album ?
Nous allons travailler avec le même producteur/label Hold On Music que pour le deuxième album. Pour ce qui est de la partie artistique nous testons actuellement des gens et des lieux, rien n’est encore gravé dans le marbre.
Vous venez jouer à Genève ce vendredi. Vous étiez à Nyon en octobre 2015, que se passe-t-il quand vous jouez en Suisse ? Ressentez-vous une attention, un accueil différents ?
Nous avons peu joué en Suisse jusqu’ici. Mais nous avons un souvenir mémorable de notre date à la Parenthèse à Nyon ! L’accueil y avait été génial et la soirée après le concert tout autant. Les gens sont très généreux en Suisse, j’ai l’impression. Cela donne envie de venir plus souvent. Ce qui devrait être le cas avec le nouveau disque je l’espère.
A Paris, en France mais aussi en Suisse, tous les yeux sont tournés sur les événements politiques à venir, comment voyez-vous cette période de 40 jours avant le premier tour ? Sentez-vous une tension sur le pays ? Avez-vous un peu le sentiment de devoir vous positionner politiquement en tant que groupe de rock ?
Ce qui se passe en France n’est effectivement pas très glorieux. Depuis l’annonce du Brexit, puis l’élection Trump je suis très pessimiste sur la tournure que prend la politique française. C’est tendu, oui. Personne ne sait ce qui va vraiment se passer. On spécule beaucoup. J’ai envie de voter pour autre chose personnellement. Je suis en tous cas à la recherche et à l’écoute de celui qui parlera d’environnement, de culture et de parité. Parlor Snakes par contre ne se mêle pas directement de politique. Nous estimons que faire de la musique aujourd’hui, espérer et travailler à pouvoir en vivre, être libre, être à la fois artiste et entrepreneur, c’est quelque part se positionner de manière politique. Sans les beaux discours mais dans l’action.
Comment un groupe comme Parlor Snakes subsiste financièrement ? Viveriez-vous matériellement confortablement si vous n’aviez que les revenus des plateformes numériques de streaming ? Est-ce que le groupe est votre principale activité ?
Nous ne vivons malheureusement pas directement de notre musique. Nous avons tous des jobs, mais avec lesquels nous pouvons prendre toutes les libertés nécessaires. Quand on doit partir en tournée, on ne se pose pas la question, on part. Mais la nécessité de devoir payer le loyer, etc. fait que parfois nous sommes tiraillés entre plusieurs choses. C’est très difficile de vivre des ventes de disques. Il faut multiplier les casquettes et faire beaucoup de concerts. J’ai récemment monté mon agence de booking/touring, justement parce que je crois qu’aujourd’hui un artiste doit aussi être un entrepreneur. Et nous sommes de plus en plus nombreux à le penser et à agir en conséquence. Plutôt une bonne chose.
Propos recueillis par David Glaser, merci à Solange Magnin de DreamKatcher Booking.
Le groupe Pilot on Mars sera en première partie ce vendredi 17 au Bouffon de la Taverne. Leur musique est à découvrir ici. Orchard St. 164 est la trace de l’influence américaine blues et cabossée du sud des Etats-Unis pour le blues et des Grands Lacs mouillant les secteurs industriels rouillés du Michigan ou de l’Ohio. Le groupe se présente comme des « rejetons » spirituels des poètes de la Beat generation à San Francisco.
Parlor Snakes (FR – rock’n’roll) + Pilot on Mars (CH – beat generation blues rock) vendredi 17 mars 2017 au Bouffon de la Taverne, Genève