WALLY GUITAR

Lecteur de Suississimo, écoute plus souvent Tafta, jO Mettraux, Lyleo… La voix de la guitare de ces trois groupes et qui délicatement te parle au creux de l’oreille est celle de l’artiste vaudois Wally Veronesi. Entends la voix de ce guitariste drôle et modeste, doué et honnête, elle est authentique! C’est un style à part, une signature. On sent que Wally, le rocker ouvert au cœur grand comme un chœur de jeunes chanteuses de gospel maîtrise son instrument et y prend un plaisir très communicatif. Sur scène, on imagine qu’il dégage une forme de sérénité mêlée d’inspiration et d’énergie à ses collègues. L’homme de la scène a accepté de revenir sur son histoire « Taftaienne » et le nouveau chapitre de son parcours de rocker, l’année où Tafta décide de se mettre en pause, avec le chanteur fribourgeois jO Mettraux. Wally se livre aussi sur ses envies, ses meilleurs souvenirs au premier rang desquels se place un concert Boulevard des Capucines à Paris… Vous voyez de quoi je parle : oui la salle où Beatles, Brel ou Piaf ont créé plusieurs déflagrations dans les années 50 et 60.

Suississimo : Tafta se met en pause de longue durée? Vous le vivez comment? Est-ce la fin du groupe tel qu’on le connaît?

Wally Veronesi : La pause est d’une durée indéterminée mais elle concerne surtout les concerts car nous allons continuer de composer et nous voir régulièrement. Nous avons toujours été sous pression avec les sorties d’albums et les tournées et aujourd’hui notre but est de mettre un peu de côté tout le côté administratif pour laisser la place à la créativité. Quant à la suite, je crois que le style de Tafta restera toujours reconnaissable sans trop répéter de vieux schémas.

Vous êtes très populaires dans les régions romandes où l’offre musicale musicale est un peu moindre, je pense à Neuchâtel et au Jura? Vaud vous a un peu négligé ces derniers temps?

Nous avons toujours eu des fans sur Vaud et les médias nous ont bien aidés également mais c’est vrai que notre style pop-rock francophone a souvent été catalogué négativement de « variété » au près de certaines personnes influentes. “Label suisse” par exemple n’a jamais voulu nous programmer, à croire qu’ après plus de 20’000 albums vendus on n’est toujours pas pris au sérieux et considérés comme un groupe suisse. J’ai l’impression qu’il y a parfois un décalage entre les goûts du public et des professionels.

On sent une vraie complicité entre Tafta et son public, comment l’expliquer?

Nous avons toujours été très proches de notre public et disponibles à la fin de chaque concert pour des séances de dédicaces, ça a crée une intimité et une générosité que les gens aiment partager. Les textes en français aident aussi à ce rapprochement, c’est plus facile de faire passer des émotions si les gens peuvent comprendre facilement nos textes.

Vevey est votre ville, c’était votre dernier concert avec Tafta le 22 novembre dernier, que s’est-il passé pour le groupe, comment était l’ambiance?

Vevey est une ville très active musicalement et c’est grâce à des associations comme l’AFM que naissent de nouveaux groupes dont Tafta fait partie. C’était pour nous une évidence de terminer cette tournée à la maison et ce dernier concert nous a particulièrement touchés! Beaucoup d’émotions avec une soirée que l’on voulait décontractée où on s’est fait plaisir, avec une bonne dose d’ humour, des rires et quelques pleurs car la fin était très intense.

Quelles ont été les différentes étapes de Tafta, est-il difficile d’être reconnu par les médias?

Comme pour chaque groupe, il y a un début de carrière où on ne se pose pas trop de questions, on joue sa musique et bien-sûr on espère qu’elle plaira. Ensuite si le succès des premiers concerts est au rendez-vous alors tout peut s’enchaîner mais il faut vraiment se donner à fond dans le management pour décrocher l’intérêt des médias. Après, ça se complique car une fois passé le cap de découverte il faut confirmer et continuer de gravir des marches pour gagner en notoriété auprès d’un plus large public. De toutes façons, sans tube même à petite échelle il est difficile de percer dans le milieu pop romand.

Lyleo, jO Mettraux… quels sont vos autres projets musicaux et que vous apportent-ils?
Lyleo est un duo pop francophone formé en 2010 avec Cléo au chant qui vient de Fribourg et avec qui j’ai réalisé un premier album. Nous avons depuis beaucoup joué et avons reçu un très bon accueil auprès de radios comme Option Musique ou de fondations comme la CMA qui a sorti une compilation des artistes suisses dont nous faisons partie. Concernant jO Mettraux, nous nous sommes souvent croisés sur les mêmes scènes et c’est suite à sa demande que j’ai remplacé son ancien guitariste avant de participer plus activement à la réalisation de son nouvel album et de sa nouvelle tournée. Ces deux projets sont essentiels pour moi car ils me permettent de rester actif dans la scène suisse romande que je n’ai pas quitté depuis 25 ans!

On sent chez vous une envie d’explorer de nouveaux univers musicaux, je me trompe?

Après plus de 20 ans de carrière musicale j’ai eu la chance de pouvoir m’investir dans beaucoup de projets musicaux très différents. Du rock australien avec Wooloomooloo en passant par la chanson pour enfants avec Henri Dès, la chanson française avec Thierry Romanens, le métal-rap, la composition pour pièces de théâtre ou la musique tzigane. Je suis toujours en quête de nouveaux projets où la rencontre m’apporte une énergie créatrice.

Vous pourriez vous unir avec un rappeur ou une chanteuse de musique folk suisse par exemple?

Bien sûr, j’ai d’ailleurs quelques enregistrements privés de jams avec un rappeur. La musique a cette force d’unir des gens qui ne sont pas forcément du même milieu, c’est cette complémentarité qui nous fait grandir en tant qu’artiste et être humain. Accepter la différence et laisser son égo de côté pour mieux collaborer!

Comment votre vie personnelle et votre profession se marient-ils? Vivez-vous de votre musique?

J’ai été musicien professionnel pendant plus de15 ans mais depuis quelques années je travaille à 70% dans un bureau technique. C’est quelques fois difficile de passer d’un monde à l’autre surtout après un week-end de concerts, mais au moins je n’ai plus de soucis financiers! Bien sûr, le taux d’adrénaline n’est pas tout à fait le même quand je retrouve le bureau le lundi matin!

Qu’écoutez-vous? Quels sont vos disques préférés depuis toujours?

Paradoxalement, j’écoute assez peu de musique. Après avoir joué de la guitare ou mixer des enregistrements, j’aime bien me vider la tête et reposer mes oreilles et je me consacre plutôt à la photo. Je reste quand même assez curieux et je suis l’évolution de chanteurs comme Beck, Damon Albarn, Jack White, Jean-Louis Murat et c’est plutôt en festival que je fais des découvertes. Dans mes vieux disques il y a les premiers Pink Floyd, les vieux Stones, U2, The Cure, Midnight Oil, Gainsbourg, Red Hot Chili Peppers, Téléphone, Hendrix, James Brown, Prince, Dire Straits, AC-DC, INXS, Chopin…

Vous travaillez vers des groupes/artistes solo qui chantent en français, avez-vous tenté l’anglais? Avez-vous essayé au chant?

A mes débuts, tous mes projets étaient en anglais, par la suite j’ai trouvé plus cohérent en live de parler et de chanter en français à un public francophone. C’est un réel challenge d’écrire en français car contrairement à l’anglais les gens écoutent beaucoup plus les textes et n’hésitent pas à critiquer si ce n’est pas à la hauteur. En anglais, le sens est moins important et il vaut mieux des fois ne pas essayer de comprendre certains tubes, on serait surpris! Combien de couples se sont formés sur “Hotel California” qui parle d’un lieu où les toxicos venaient se faire soigner? Quant au chant, je le pratique surtout dans mes démos pour développer des idées. Ceci dit depuis la dernière tournée de Jo Mettraux je chante de plus en plus de chœurs et c’est très stimulant, la voix reste l’instrument qui me touche le plus!

Quels sont vos meilleurs souvenirs de concerts?

J’ai eu la chance d’avoir joué dans des salles et des festivals renommés avec cette impression de toucher au Saint-Graal à chaque fois. Mon meilleur souvenir ne se résume pas en un seul concert mais en une carrière qui m’a permis de voyager, de rencontrer des gens et de donner le meilleur de moi-même. Je dirais que la plus belle émotion reste celle d’entendre le public chanter ses propres textes, c’est comme si on se connaissait sans s’être jamais rencontrés avant! Sinon, j’ai eu l’impression de voyager dans le temps quand j’ai joué à l’ancien Olympia et que je me retrouvais dans le seul WC disponible près de la scène où toutes mes idoles étaient passé avant! L’âme des Stones, des Beatles, d’Hendrix, tous réunis au même endroit!

Comment envisagez-vous la suite de votre parcours de musicien? Pourriez-vous réaliser des albums, composer pour d’autres sans jouer?

Je viens de terminer les arrangements de la nouvelle tournée de jO Mettraux et je joue également maintenant sur scène avec lui. Je reste aussi ouvert à d’autres expériences et selon les rencontres je serais bien-sûr ouvert à une réalisation d’albums ou à de la composition. Je l’ai déjà fait dans le passé. Peut-être même qu’un projet solo plus personnel pourrait voir le jour…un jour!

La vie sans Tafta, vous la voyez comment?

Toujours créative, c’est vital, je ne m’arrête jamais! Une fin, c’est aussi un nouveau départ et il faut savoir tourner la page pour continuer d’avancer. Je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur le passé j’ai trop de choses qui m’attendent encore.

Propos recueillis par David Glaser

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