Tournoi U19 : l’Australie, Israël, Canada dans le sillon des USA et de l’Allemagne

Le tournoi U19 de Lausanne a révélé le talent de plusieurs nations déjà bien structurées, comme l’Allemagne ou la Slovénie. On peut même ajouter la Serbie, qui a connu quelques passages à vide avant de conclure le tournoi sur une note plus positive à la Vaudoise Arena. Personnellement, ce sont les basketteurs australiens, canadiens, suisses et israéliens qui ont retenu mon attention – des pays où la formation joue un rôle central dans le développement des jeunes joueurs. Des nations qui misent sur la détection et la mise en valeur des talents à travers un système bien huilé, qu’il soit centralisé ou confié aux clubs.

L’Australie en vitrine

Parmi les révélations, deux Australiens ont particulièrement attiré la lumière : Jacob Furphy, pur produit de la formation locale, et Roman Siulepa. Le premier est un combo guard-forward, le second un power forward. Deux profils athlétiques qui se distinguent par leur vitesse, leur capacité à percer les défenses, leur adresse et leur élégance sur le terrain. Sur le banc, d’autres talents comme le meneur-arrière Dickeson et l’intérieur Emmett Adair confirment que l’Australie est armée à tous les postes. J’ai d’ailleurs pu échanger avec leurs familles avant la finale Allemagne–USA.

À l’image de leurs voisins néo-zélandais, les Australiens misent sur des joueurs très physiques, développés dans un écosystème favorable : la NBL (National Basketball League). Ce championnat professionnel accorde une place croissante aux jeunes et s’impose aujourd’hui comme une véritable antichambre de la NBA, à l’instar de la G-League aux États-Unis.

La Nouvelle-Zélande a montré la voie avec des joueurs comme Hugo Besson (sélectionné en équipe de France) ou Rayan Rupert, tous deux passés par la NBL avant de tenter leur chance à la draft NBA. La ligue océanienne s’affirme ainsi comme une passerelle crédible entre l’Europe et l’Amérique.

En Australie, pays de sport par excellence, la NBL s’appuie sur des franchises performantes comme les Kings de Sydney ou les Wildcats de Perth. Son attractivité est telle que les médias américains comme ESPN ou NBA League Pass lui consacrent une couverture soutenue. Le succès repose aussi sur ses structures de formation, comparables à l’INSEP en France ou au Centre national du sport en Suisse.

Le Centre of Excellence (CoE) de Basketball Australia prépare les futurs internationaux – les Boomers (hommes) et les Opals (femmes). Il associe entraînement de haut niveau, éducation, sciences du sport et développement personnel. De grandes figures de la NBA et de la WNBA y sont passées : Andrew Bogut, Patty Mills, Lauren Jackson ou Penny Taylor.

Autres structures phares : la Rowville Sports Academy, école la plus titrée du pays, avec accès au State Basketball Centre, et la NBA Basketball School Australia, intégrée au réseau mondial de développement de la ligue américaine.

Un autre jeune Boomer, Luke Fennell, m’a également impressionné. Il est revenu sur la victoire contre Porto Rico après la défaite face à l’Allemagne en quarts – une défaite loin d’être déshonorante face à une nation désormais majeure de ce sport.

En France, le modèle de l’INSEP reste parfois contesté par les clubs professionnels, qui dénoncent une concurrence jugée déloyale. Pourtant, ces centres étatisés ont façonné des légendes comme Tony Parker et Boris Diaw, tous deux champions NBA avec San Antonio. Mais les clubs ont aussi joué un rôle crucial : Cholet avec De Colo, Beaubois ou Gobert, ou encore Le Mans avec Nicolas Batum, capitaine emblématique des Bleus après Parker, et récemment Léopold Delaunay.

Israël, rigueur et résilience

Israël est aussi un modèle de formation. Son basket sera à l’honneur dès le 28 août contre l’Islande à l’Euro. Dans la génération montante, on retrouve notamment Rany Belaga, un meneur explosif, précieux dans le money-time.

Contre l’Australie et la Slovénie, Oren Sahar, meneur-shooter, s’est montré lucide : malgré quelques réussites au scoring, il a reconnu ses erreurs et l’importance d’apprendre pour progresser.

Blessé, la jeune star en devenir Omer Mayer est resté sur le banc mais a insisté sur l’importance de l’unité de groupe. Dans un contexte marqué par la guerre à Gaza, il souligne : « On ne parle pas de politique ici, mais on est très heureux d’apporter de la fierté à notre pays. »

Le coach Sharon Avrahami incarne la rigueur et la dynamique de cette équipe ambitieuse. Ben Saraf, fraîchement drafté à Brooklyn après une saison remarquable avec Ulm, a salué une campagne « très positive ». Mayer pourrait bien être le prochain prospect à suivre. Israël s’appuie sur des académies performantes, comme celles de l’Hapoel Hemek Hefer et de l’Hapoel Tel-Aviv.

Après la victoire contre la Suisse, les familles ont célébré la septième place du tournoi. Ariel Sela, meilleur rebondeur israélien (11,2 rebonds/match), a été particulièrement mis en avant.

Interview avec le père d’Ariel Sela

Notons aussi la présence d’Asher Kaso, directeur du lycée Ramot Yam, établissement phare pour les jeunes sportifs de haut niveau, qui a formé plusieurs joueurs de cette génération.

Nous ne nous attarderons pas sur la défaite de la France. Il suffit de lire le compte rendu de la débâcle suisse pour comprendre que cette équipe n’était pas armée pour aller loin. Malheureusement, après avoir suivi les impressionnantes campagnes françaises de Tony Parker, Boris Diaw et Nicolas Batum, voici ce qu’avait à dire Léon Sifferlin, shooter de l’équipe de Rudy Nelhomme et jeune pro à Bourg-en-Bresse sous les ordres du sélectionneur de l’Equipe de France engagée en Coupe d’Europe en Pologne, Finlande, Lettonie et Chypre : des résultats négatifs mais aussi un apprentissage pour le jeune burgien.

Le Canada s’est également illustré en atteignant les demi-finales, avant de s’incliner face à la puissance américaine. L’équipe du Maple Leaf a disputé un tournoi très sérieux, avec une mentalité gagnante et combative. Face aux Américains, leur ennemi bien-aimé et ami méprisé, ils ont pu nourrir l’espoir d’imiter leurs aînés et de jouer à armes égales avec tous ces espoirs actuels de la NBA, mais malgré leur esprit combatif, il y avait un petit écart.

Témoignage de l’entraîneur Ramon Diaz à sa sortie du terrain.

L’homme le plus grand d’Amérique du Nord

Parmi les attractions, on trouve le Québécois Olivier Rioux, un pivot de 2,16 m (Université de Floride), qui impressionne par sa taille extraordinaire. Véritable mur défensif, il pourrait devenir le joueur le plus grand de l’histoire de la NBA s’il y parvient.

Il nous parle de son tournoi, de son rapport à ses coéquipiers.

Les États-Unis, intouchables

Les derniers mots reviennent aux champions. JJ Mandaquit, meneur distributeur, a imposé un rythme infernal à ses coéquipiers, tandis que Jordan Smith Jr. rappelait que la discipline restait la clé : « Le but est de gagner, tout le temps. »

Jordan Smith JR résume les défauts de ses compagnons, il n’y en pas beaucoup, peut-être le rebond. La discipline joue un rôle. Le but est de gagner, tout le temps. USA Basketball est un honneur pour les joueurs.

Vainqueurs logiques, les États-Unis ont dominé le tournoi grâce à leur pépite AJ Dybantsa (Utah Prep), pressenti numéro 1 de la Draft 2026. L’Allemagne, malgré une belle résistance, n’a pas pu rivaliser. L’Europe du basket, toutefois, continue de progresser avec ses jeunes générations.

David Glaser

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