Le groupe du Californien Aaron Bruno se pose en Suisse, la veille de la venue de Metallica. Un signe que le vent frais des guitares de la côte ouest vient souffler le chaud sur un arc lémanique en manque de riffs « quali »forniens, de ces enchaînements de bonnes vibrations sur et devant la scène. Car AWOLNATION a un public sympa qui grandit à travers le monde. Il n’y a qu’à voir les vidéos qui relatent du début de carrière live de leur troisième album « Here Come the Runts ». AWOLNATION vient de sortir sans doute le plus énergisant des albums de ce premier trimestre. Une bonne combinaison de genres, des morceaux à écouter fort dans le train Amtrack entre Oakland et Los Angeles ou dans un train des CFF.
Le troisième album « Here Come the Runts », parlons-en, il réussit l’exploit de se placer dans la jungle hip-hop-eletro&pop des classements billboard à la 20e place dès sa sortie. L’album bénéficie d’une réception remarquable dans les charts rock, prouvant que le tube aux millions de vues sur Youtube « Sail », n’est pas un phénomène isolé. Interview avec Aaron, au téléphone du bureau de communication de Red Bull Records à Londres.
L’homme n’est pas qu’un cool dude californien au look de surfer, il est aussi posé et très précis dans les réponses aux questions posées. AWOLNATION sera en concert aux Docks de Lausanne, pour la première fois, le mardi 10 avril. Ne loupez pas cet événement, le groupe va devenir trop grand pour revenir dans une salle de cette jauge, selon les prévisions les météorologues du rock mondial.
Sur le premier single du nouvel album, Aaron Bruno a exploré de nouvelles pistes.
Le premier morceau extrait de ce « HCTR » est « Passion », une intro complètement marteau avec le mantra « Blow My Mind… » martelé, avec délicatesse. Les mélodies de Bruno et de son groupe font tout pour pénétrer l’esprit pour ne plus en sortir, de vrais aoûtats pour oreilles. On discute avec Aaron de ce pouvoir de multiplier les tubes et de sentir un public au diapason sur la scène du Wiltern à Los Angeles, un vrai bon trip pour le chanteur et producteur qu’il est 24/24. Merci à Gabriel Lee pour cette vidéo au portable où on sent bien que quelque chose de sain est en train de se passer entre AWOLNATION et son public.
AWOLNATION en concert à The Wiltern, Los Angeles, au tout début du World Tour.
Aaron Bruno: Cela va dans une direction positive, c’est plein d’émotions de voir à quel point le retour depuis la sortie du premier single « Passion » à l’automne dernier est bon. Maintenant que tout l’album est sorti, on peut vraiment se rendre compte à quel point ça prend un tournant encourageant. Je n’ai jamais ressenti ça avant. Le nouveau single « Handyman » ouvre un nouveau chapitre pour AWOLNATION. C’est une chanson de « singer-songwriter », c’est un nouveau genre d’expression pour moi. Rien à voir avec « Sail » dont l’existence et le succès sont le résultat d’un accident. « Not Your Fault » est comme « Sail », une chanson qui peut être considéré comme un hymne, donc on a ce pouvoir de composer des chansons qui peuvent être reprises en chœur mais avec « Handyman », j’ai fait le lit pour une jolie mélodie, reprise elle aussi en chœur.
La chanson qui a tout changé pour AWOLNATION, battant des records de longévité dans les classements du monde entier. C’est « Sail », une mélodie que les télés adorent pour leurs BO d’exploits sportifs.
Suississimo: mais comment avez-vous vécu la réaction de vos fans locaux? Au Wiltern, à L.A., les portables lumineux étaient de sortie pour créer un joli canopée de lumières, cela a dû vous émouvoir…
AB: il y a vraiment de la confiance entre nos fans et nous, ils sont montés dans le wagon du 3e album sans hésiter. Mais je me réjouis aussi de voir les réactions de ceux qui ne nous attendent que dans un genre electro. Il va y avoir des critiques de ceux qui ne supportent pas l’écart entre les albums et ceux qui vont voir en nous les Backstreet Boys de l’Alt-rock mais j’aime ce mélange de rock, d’electro, de sons organiques… vous savez j’aime beaucoup des groupes comme The War on Drugs ou encore Arcade Fire qui sont des formations qui réussissent ces mélanges de genres.
Chez AWOLNATION, ce qui surprend, et plaît aussi pour ma part, c’est cette structuration des chansons, très originale, qui provoques des surprises, à contre-courant du seul format pop classique, comment en êtes-vous arrivés à composer les chansons ainsi?
AB: c’est assez facile de livrer un format couplet-refrain-couplet-refrain-bridge. Mais notre rapport à la personne qui écoute AWOLNATION est un peu différent. Il y a une ligne très clairement tracée pour ne pas rendre nos chansons prédictibles. On aime brouiller les pistes, sortir une chanson avec le rythme et le ton qu’on n’a pas vu venir. On n’abat pas toutes nos cartes d’un coup. J’ai écouté beaucoup de musique. Il y a beaucoup de musiques très superficielles, on a des sons qui ressemblent à des bonbons qu’on avale sans réfléchir. Et on ne va pas être un Snickers ou un Skeetle de plus qu’on embarque vite fait dans le tiroir du distributeur.
Dans Miracle Man, on entend des voix d’un enfant, quelle est l’histoire qui se cache derrière cette présence?
AB: c’est une référence à la chanson pour enfants « Skip to my Lou » (change de partenaire de danse pour aller vers ton bien-aimé), j’ai repris un peu le texte « Skip to my Darling » et ai ajouté « cheers to my LOU ». Pendant l’enregistrement, j’avais mes neveu et nièce au studio à la maison, je leur ai demandé de dire le mot « LOU » (mon amour) dans le micro. Cela a donné un effet juvénile gracieux, comme dans un rêve de super-héros.
« Miracle Man » avec une voix jeune qu’Aaron Bruno est allé chercher dans sa famille.
Vous allez visiter la Suisse, ce n’est pas la première fois, n’est-ce pas?
Nous allons rencontrer des gens supers comme partout où on nous demande de jouer. On est déjà venu chez vous car « Sail » accompagnait l’exploit du cascadeur en flying suit Jeb Corliss. Red Bull qui le sponsorise (NDLR et qui est le label d’AWOLNATION) avait choisi notre chanson pour accompagner la vidéo du saut.
Vous vous êtes aussi justement rendu à Vienne (l’Autriche est la pays d’origine de la marque de boissons énergisantes) récemment pour une expérience originale, une sorte de « prise de risque », de « vol à flyingsuit » à vous, racontez-nous?
Ce fut une expérience de prise live en studio et de pressage sur vinyle. Je suis un producteur habitué à ProTools et c’est vrai que ça demande un peu de confiance en soi de tout faire en live pour un enregistrement. Les personnes au studio nous demandaient comment on allait tout le temps, franchement on l’a fait sans angoisse, on est des musiciens pros, donc on savait où on allait. Un élément perturbateur nous a juste un tout petit peu déconcentrés… le kick de la batterie s’est cassé et on peut l’entendre sur le vinyle. Mais franchement pour le meilleur au final.
Retour aux bases de l’enregistrement analogique, une excellente expérience pour AWOLNATION
Ma dernière question porte sur le très sympa moment entre votre attaché de presse californien Joe Guzik et le patron de la radio Alt-rock de Los Angeles KROQ, pouvez-vous décrire pourquoi pour un groupe comme AWOLNATION, avoir KROQ avec soi est un atout?
Nous sommes sur un label de musique qui n’a pas les moyens des grosses maisons de disques. Donc ça nous demande toujours beaucoup de travail pour faire parler de nous et convaincre les professionnels. KROQ est une station avec laquelle j’ai grandi, écoutant Nirvana dans les années 1990 et 2000 à Los Angeles, c’est là que j’ai entendu « Enter Sandman » de Metallica pour la première fois. J’avais 21 ans. C’était un but d’être un jour programmé sur KROQ. Maintenant c’est fait. On a récemment eu les honneurs de leur studio « Sound Space », une nouvelle fois. Cela se passe à merveille avec eux. La vidéo? Eh bien, c’est le moment le plus sympa de ces dernières semaines. On entend en effet la réaction, dans les coulisses (ndlr: dans le bureau du directeur de la radio rock extrêmement influente aux USA) Joe Guzik qui s’extasie sur le haut-parleur du téléphone quand Kevin Weatherly lui annonce que nous entrons officiellement dans la playlist de KROQ. C’est très important d’avoir KROQ avec soi en effet.
Le boss de la programmation de KROQ et des radios d’Entercom à L.A., Kevin Weatherly à l’issue de sa réunion de programmation du mardi, annonce la bonne nouvelle à Red Bull.
Ma dernière question concerne le thrash-metal dans votre musique, pourquoi cette influence est-elle si présente?
Cette musique a toujours été là depuis le tout premier album. C’est aussi notre culture. Certes, « Here come the runts » est beaucoup plus dans les nuances organiques et ma voix peut largement se reposer des hurlements quand on joue les chansons de l’album live. Mais les guitares de thrash-metal sont toujours là oui, par petites touches, on aime beaucoup ça.
Propos recueilli par David Glaser
« Here Come the Runts », AWOLNATION (Red Bull Records), concert aux Docks, le 10 avril.
Une réflexion sur “LES HYMNES DE L’AWOLNATION”